La parole à Isabelle Mercier, ex-secrétaire générale de l’URI

Isabelle Mercier, secrétaire générale de l’Union Régionale Interprofessionnelle de la CFDT des Pays de la Loire, a mis fin à son mandat le 1er juin. Nous l’avons rencontrée pour qu’elle nous évoque son parcours syndical militant et ce qu’il lui a apporté.

Bonjour Isabelle, tu quittes ta fonction de secrétaire générale l’Union Régionale Interprofessionnelle (URI) de la CFDT des Pays de la Loire le 1er juin. Peux-tu nous présenter ton parcours professionnel et militant à la CFDT ?

Bonjour à toutes et à tous

Educatrice de jeunes enfants, j’ai commencé à travailler à la mairie de Saint-Nazaire en 1988, sur des remplacements. Dans ce service où 40% des agents étaient adhérents à la CFDT, une collègue m’a très vite proposé d’adhérer à la CFDT ! Assez rapidement, j’ai participé aux actions organisées pour améliorer l’accueil des enfants, titulariser les contractuels ou préserver la qualité du service. J’ai été titularisée en 1993, et lorsqu’il a fallu élaborer les listes CTP, CAP et CHSCT, la section m’a proposé d’être candidate !

Tu as donc été rapidement happée par l’action syndicale …

L’action syndicale m’a toujours attirée et très vite j’ai participé à la vie de la section, par des diffusions de tracts, en préparant les réunions avec l’administration, en organisant des tournées de service et en proposant l’adhésion aux collègues. La richesse des rencontres, la découverte des services qui m’étaient inconnus me passionnaient. J’ai alors pris du temps syndical pour mieux participer à la vie de la CFDT. Je me suis formée, j’ai rencontré des militants qui m’ont fait confiance, m’ont guidé aussi en me transmettant leur savoir-faire, l’importance d’être au contact des agents, de leur proposer de s’organiser pour être plus forts face aux nombreuses réorganisations !

Proche de l’Union Locale (UL) de Saint-Nazaire, j’ai rapidement mesuré l’intérêt de m’ouvrir à d’autres secteurs d’activité. Ainsi, j’ai découvert l’industrie, les services, le secteur hospitalier, le sanitaire, la construction … C’était passionnant et démontre que l’action syndicale peut aussi se vivre pleinement hors de l’entreprise ou de l’administration.

Tu as vite pris des responsabilités au sein de l’union locale de Saint-Nazaire.

Là aussi, j’ai été repérée par les responsables de l’interprofessionnel ! D’abord pour animer des formations, puis pour intégrer l’équipe animatrice de cette structure de proximité. A cette époque, sur toute la région, les responsables travaillaient au renouvellement et à la féminisation ! Et ils ont osé ! Osé me solliciter pour participer à une formation REPERES*, osé me proposer de prendre la responsabilité de l’UL de Saint-Nazaire, moi qui avais 3 enfants en bas âge, venais de la fonction publique dans un univers toujours piloté par des militants de la métallurgie !

C’est là que j’ai fait mes premières intersyndicales, mes premiers collages d’affiches. C’est là que j’ai compris que sur la formation, la vie au travail, l’emploi, le développement économique, l’aménagement des territoires nous devions peser, collectivement. Parce que la qualité de vie des travailleurs est liée à la qualité de vie sur les territoires, nous avions un champ d’action immense et le syndicalisme y avait toute sa place.

De l’UL de Saint-Nazaire à l’union départementale (UD) de Loire-Atlantique, il n’y a qu’un pas !

Lorsque Laurent Berger est parti à la confédération, Yvan Ricordeau l’a remplacé à la région et j’ai été sollicitée pour prendre la responsabilité de l’UD de la CFDT 44. L’animation et le pilotage de ce département, c’était davantage de lien avec les syndicats, c’était aussi rencontrer des militants dans les zones rurales, faire vivre la CFDT en proximité des salariés. C’était également un formidable réseau de mandatés, juridiques, protection sociale, santé au travail ! L’illustration de la richesse de la CFDT.

A cette époque, en 2010, heureusement entrainée aux intersyndicales et aux grosses manifs, nous devions organiser les mobilisations contre la réforme des retraites ! Et oui, déjà ! L’intersyndicale était fragile, FO ne voulait pas manifester avec la CFDT et la CGT devait suivre les consignes nationales, parfois à contre cœur ! Cela donnait des rassemblements musclés, où nous devions préserver notre place face à des organisations syndicales peu sympathiques. Pour autant, les militants CFDT étaient fiers et déterminés, véritable soutien dans ces moments de tension.

Après l’UD44, quoi de plus normal que de prendre des responsabilités au niveau de l’URI des Pays de la Loire ?

En effet, en 2014 Yvan Ricordeau est appelé à la confédération et j’arrive à la région. Ce mandat a été d’une richesse incroyable. Moi qui aime rencontrer les militants, les salariés, j’ai arpenté la région pour participer aux conseils, congrès, visites d’entreprises. J’ai croisé des militants fantastiques, experts, maitrisant les enjeux de leur administration ou de leur entreprise. Soucieux de se battre pour garantir l’emploi, pour lutter contre l’injustice, pour améliorer la qualité de vie au travail.

Être à la région m’a amené à siéger au bureau national. Un mandat qui nous conduit à peser sur la stratégie de la CFDT, qui nous impose de maitriser ce que vivent les salariés, de nous appuyer sur notre connaissance du terrain pour construire un positionnement au service de l’intérêt général, en phase avec nos principes et nos valeurs.

Pendant ce mandat, mon exigence a été de porter à la fois le revendicatif et le développement, de mener l’engagement dans l’institutionnel et la proximité avec les militants, de faire vivre la démocratie interne dans toutes les structures CFDT et de construire des dynamiques collectives.

Tu quittes l’URI des Pays de la Loire le 1er juin, restes-tu toujours au service de la CFDT ?

Je quitte mes fonctions le 1er juin. Sollicitée par Marylise Léon (future secrétaire générale de la CFDT) pour intégrer la Commission exécutive confédérale, je serai candidate à ce poste le 23 juin. J’en suis honorée, enthousiasmée et très heureuse de poursuivre mon engagement à la CFDT, même si quitter la région et ses militants n’est pas facile…

Peux-tu nous dire ce que t’a apporté ton engagement militant à la CFDT et quelles richesses tu en retires ?

Ce parcours militant, je le dois à tous les militants que j’ai rencontrés, qui m’ont nourri, ont alimenté ma réflexion, m’ont bousculé, ont partagé leur réalité, leur vie au travail. C’est aussi un engagement porté par des collectifs CFDT, le bureau régional, la commission exécutive régionale, les COPILS dans les départements, les syndicats.

Ces dernières années, entre le covid, la réforme des retraites et l’évolution régionale, notre force a été d’être capable de débattre, de confronter nos réalités, de construire des solutions pour agir ensemble, pour transformer la société, pour porter la justice sociale et la solidarité. Ce sont bien nos collectifs qui ont relevé tous ces défis !

Cet engagement militant, je le dois aussi à ces responsables qui ont osé, qui n’ont jamais répondu à ma place ! Alors osons la proposition à l’engagement.

Militer à la CFDT, ce sont aussi des rencontres de militants qui marquent, qui transmettent, qui visent le bien de la CFDT contre vents et marées, qui nous accompagnent et nous font progresser ! C’est ça aussi l’émancipation.

Isabelle, tu as un dernier mot à ajouter ?

Pour conclure, avant d’entamer une nouvelle étape, je tiens à vous remercier ! Merci de faire vivre la CFDT dans vos administrations et entreprises, même lorsque le dialogue social est tendu, même lorsque la sortie de tunnel semble lointaine … Votre ténacité, votre persévérance, c’est notre force et nous pouvons en être fiers !

Et comme je reste toujours une ligérienne ancrée dans le terrain, nous nous reverrons !

*Formation REPERES : dans le cadre d’un renouvellement régulier des équipes syndicales, l’URI des Pays de la Loire accompagne les syndicats au repérage des militant-e-s afin d’anticiper les “passages de relais”. Ce dispositif prépare à une montée  en  responsabilité  au  sein  du  syndicat  avec  une  dimension professionnelle et interprofessionnelle. Pour en savoir plus : https://padlet.com/AREFOR/plaquettes-2023-th-mes-publics-p34pdb5bf1uc4uf4/wish/1869564231